« Juliette De Sierra », la morsure du détour, Saint-Ouen (28.03.24 - 11.04.24)
« Fais attention à toi, sois prudent·e, ne t’expose pas trop… » Une rengaine paternaliste, comme un murmure constant, que l’on chuchote aux femmes et aux minorités de genre. Dans l’espace public, il faudrait ne pas prendre trop de place, voire s’effacer au profit de la gent masculine, heureuse propriétaire de tous les territoires.
Juliette De Sierra contourne cet impératif. Les personnes qu’elle photographie n’ont pas peur de gêner ou d’être exclues du paysage dans lequel elles se meuvent. L’artiste perturbe nos représentations genrées, troublées par les postures et les attitudes de ses modèles. En cavale, loin de la maisonnée, les sujets photographié·es ont le regard frondeur ou le rire insouciant. Dans le métro, en voiture ou en rollers, ielles se déplacent, libres de flâner et de choisir leurs trajectoires.
Tirées en dos bleus, ses photographies sont par la suite affichées dans la rue. Dehors, l’artiste reproduit le geste performatif des colleur·euses féministes. Dans un même temps, elle s’approprie l’espace public et l’occupe avec des figures, qui en sont habituellement exclues. Avec ses photographies et ses collages, Juliette De Sierra crée ainsi des récits alternatifs et subversifs.
Juliette De Sierra, série Dévier ou En cavale, photographies argentiques, 2022 © Juliette De Sierra