« Killian Abautret », la morsure du détour, Saint-Ouen (28.03.24 - 11.04.24)
Liés à notre identité et aux gens que l’on aime, certains lieux agissent comme une obsession. Il est impossible de s’en défaire, de penser ou d’écrire sur autre chose. Une fois parti·e, le flou des souvenirs s’imprègne en nous. D’origine bretonne, Killian Abautret déploie une narration intime, dans laquelle ses textes et ses photographies dialoguent ensemble.
Entre images fantasmées et mémoire troublée, Brest hante son imaginaire. L’artiste compose un portrait parcellaire de sa ville natale, toujours perçue à distance. Dans ses photographies et ses vidéos, prises lors de ses déplacements, loin de ses proches, les figures sont absentes ou indistinctes. Seules les ombres subsistent. Il saisit des paysages intermédiaires, maritimes ou citadins, rencontrés au détour de ses voyages. L’utilisation d’un appareil défaillant creuse l’éloignement qui le sépare de Brest.
Nébuleux, baignés d’une lumière évanescente, ces tirages manquent de clarté et se font l’écho d’une amnésie potentielle. La technique du transfert abîme les images et devient le signe d’une mémoire imparfaite, qui s’érode avec le temps. Cette perte de repères spatio-temporels se traduit dans l’écriture par le tâtonnement poétique.
Killian Abautret, Une tête s’aère-t-elle comme une maison ?, transferts sur gel acrylique, collage sur verre, 2024 © Juliette De Sierra