« Zeppelin Bend. Sœurs jumelles », Zeppelin Bend, Katerina Andreou, Centre Pompidou, Paris (14-16.05.20)
Zeppelin
Bend ne raconte pas quelque chose. Comme dans son précédent spectacle
BSTRD (2018), la chorégraphe grecque Katerina Andreou questionne la notion
d'effort. Celui que l'on fait tous les jours, sans s'en rendre compte. Celui reproduit consciencieusement lorsque l'on tente d'apprendre un
mouvement ou une pratique. Cette fois-ci néanmoins, elle n'est plus seule sur
scène : face à elle, il y a une autre danseuse, Natali Mandila, qui lui
ressemble étrangement. Double, amie ou rivale ? Son statut est trouble. Sur le
plateau, elles s'ignorent, se toisent et s'imitent. Parfois, elles se
cherchent, s'agrippent les cheveux, les vêtements, les mains... A deux, elles
créent un langage corporel à la fois puissant et fragile.
La
scénographie est minimaliste : des pneus suspendus, des cordes et un
praticable... Entourée de projecteurs, cette aire de jeux ressemble à une salle
d'entraînement, un ring ou un garage dans lequel s'organise une rave party. La
musique est prépondérante : des chants d'oiseaux laissent place à des airs
psychédéliques, avant qu'une musique hardcore ne vienne briser un silence ou
une rêverie. Cette alternance de registres sonores et musicaux va de pair avec
un important travail sur la lumière. Saturés, chaleureux ou froids, les
éclairages rythment la pièce et lui donnent des tonalités qui ne cessent de
varier.
Bercée par les
mouvements répétitifs, notre attention divague. Tout peut être projeté dans cet
espace dénué. Les danseuses, seules ou ensemble, nous laissent aussi cette
place, pour imaginer, pour vivre dans cet interstice poétique. Lorsqu'elles se
frôlent ou cherchent à se toucher se dégage une délicatesse, une complicité,
que rien ne peut expliquer et qui fait pourtant écho en nous à des sensations
et des émotions oubliées.
Katerina Andreou © D.R.