« Virginie Bigot », Friction(s) Fiction(s), DOC, Paris (29.09.24 - 13.10.24)
Arrêt sur
image. Notre regard s’accroche à un geste, un drapé, une couleur. Une figure aimée
ou anonyme se détache. Discrète, elle traverse un environnement urbain aux
contours indistincts. Ses mouvements sont suspendus à travers deux
espace-temps, figés dans un intervalle aux teintes froides. Virginie Bigot
peint l’entre-deux. Elle se saisit de fragments qu’elle observe ou invente et (dé)compose
ses tableaux et ses dessins à partir de détails.
L’artiste
déplie des histoires d’errance et de mélancolie. Dans les scènes qu’elle
construit, aucun climax à l’approche. Protagonistes immobiles, ses portraits se
font l’écho d’une poésie de l’ordinaire. Iels sont les témoins d’une solitude
citadine, engluée dans un quotidien fragile. Souvent sans nom et sans visage, ces
personnages inconnu·es traversent des lieux intermédiaires. Le temps semble se
distordre, s’étirer jusqu’à une autre dimension. Virginie Bigot bouleverse nos
repères géographiques et intimes, en jouant avec les échelles. Elle fait
émerger des cadres, comme des fenêtres entrebâillées sur d’autres tableaux. Dans
cette mise en abyme, les temporalités s’entrechoquent, mais il n’est pas
toujours possible de saisir cet autre récit.
Parfois, la
peinture s’absente. À la marge, la couleur disparaît et laisse place à une
réserve de toile. Un espace blanc comme une didascalie. La perspective en est
troublée. Une histoire parallèle apparait : celle de l’abstraction. La
peinture devient texture, matière textile ou boiserie. Entre réel et irréel,
Virginie Bigot nous propose des tableaux à l’architecture hybride, inachevée ou
plutôt, toujours en construction, comme une identité multiple, que l’on tente
de circonscrire.