« Soukaina Chadli », la morsure du détour, Saint-Ouen (28.03.24 - 11.04.24)

Dans les magazines, on feuillette des corps féminins, dissimulés, protégés ou contraints par des habits en vogue. On dit que c’est une jolie silhouette, que le tissu tombe bien et surtout, que ça rend sexy. Simple ornement, armure ou prison, les vêtements sont des marqueurs sociaux et des vecteurs de désirs, qui transforment les femmes en objets de fantasme. 

L’histoire du regard et de la mode s’entremêlent : ceux qui contemplent, façonnent et chosifient les corps sont toujours des hommes. Pour contrer cette vision masculine, Soukaina Chadli s’appuie sur son expérience de styliste et reproduit les conventions du prêt-à-porter. L’artiste crée son propre vestiaire de pièces inadaptées : lors de séances photo, elle se drape d’une robe excessivement serrée, s’étouffe dans un corset oppressant ou encore se réapproprie sa féminité avec une chemise trempée. Si ses photographies reprennent l’esthétique épurée de la presse spécialisée, un voile morbide subsiste. Comme sur une scène de crime, l’objectif est le témoin des moments où le corps est malmené par des habits immettables. 

Chacune des expérimentations textiles de Soukaina Chadli vient questionner les normes de la mode, l’uniformisation des tailles et des représentations qu’elle impose, ainsi que l’hypersexualisation de ses modèles.
Soukaina Chadli, Série expérimentation n°4, 25 tirages manipulables, 2022 © Juliette De Sierra