« Nicolas Jenot », la morsure du détour, Saint-Ouen (28.03.24 - 11.04.24)

Les images sont dilatées, granuleuses ou pixelisées. Ce qui ressort en premier dans les oeuvres de Nicolas Jenot, c’est cette matière corporelle, qui se confond parfois avec la chair humaine. Dans un halo de lumières vives, des formes se distinguent.  Figuratives ou non, ces silhouettes révèlent une utilisation expérimentale du médium photographique. 

L’artiste conçoit les machines comme des organismes à part entière, dont les erreurs sont les traces d’une sensibilité singulière. Sa recherche formelle se tourne vers ces accidents numériques ou analogiques. Pour provoquer ces écarts, il met en place divers dispositifs optiques. Grâce à l’emploi de sténopés, il capte l’empreinte surexposée du soleil. Cette technique fait coïncider son trajet éblouissant avec un marbrage en forme d’arc de cercle. Spectateurices de ces heureux aléas, nous devenons des témoins-voyeurs d’une poésie sensuelle. 

Dans ses vidéos, à travers des pixels altérés, des corps apparaissent, se tordent et s’enlacent. Dématérialisés et fantomatiques, ces figures anonymes sont sorties de leur contexte de monstration habituelle, qu’est la pornographie. Vestiges d’internet, désormais composées de neige numérique, elles s’évanouissent dans une abstraction intimiste. Ces images digitales produisent une disparition partielle du réel, qu’elles remodèlent.
Nicolas Jenot, sans titre (série culture d’un contact), transferts sur gel acrylique, 2023 
© Nicolas Jenot