« Lyne Caroff », ARCA, DOC, Paris (27.09.25-10.10.25).
Les motifs se répètent comme une douce obsession. Des chaussettes orphelines, une boîte à bisous et des ours en peluche… Quelles histoires nous racontent Lyne Caroff ? Empreint d’ambivalence et de tendresse, son langage visuel s’ancre dans son quotidien. Derrière chaque image se cache un affect, au goût acidulé ou orné de strass. Dissimulés dans ses carnets-journaux intimes, sur ses toiles et au creux de ses photographies, des références secrètes se mêlent à des symboles de la culture populaire, du skinny jean au tube de l’été Fashion Designa de Theodora. L’artiste réinvestit des souvenirs personnels, tout en se faisant l’écho d’une génération.
Ces formes archétypales et régressives brouillent la distinction entre la mélancolie et le kitsch. Dans un bégaiement de la mémoire collective, Lyne Caroff interroge nos modes de représentation et n’hésite pas à « salir » les apparences trop lisses. La résine dégouline comme une bave sucrée, les visages s’affaissent et le scotch de peintre remplace les accroches. Cette esthétique du bricolage laisse place à la spontanéité. En insérant des touches d’humour, l’artiste détourne les clichés et invente de nouveaux récits qui, jamais figés, sont toujours à reconstruire.
La scénographie joue alors un rôle important dans la création de ces imaginaires fluctuants. Lors de ses accrochages, Lyne Caroff compose un fil narratif. Son lexique enfantin, parfois espiègle, se déplace et se dévoile sous un jour inédit. Les petites choses de la vie ordinaire se chargent ainsi d’une puissance sensible et d’une critique de la société de consommation.Lyne Caroff, Life is a joke, peluche, impression textile, 2025 © Lyne Caroff