« Leia Lebert », la morsure du détour, Saint-Ouen (28.03.24 - 11.04.24)
Drôle, inquiétant ou mélancolique, le clown incarne le paradigme de la figure théâtrale. Sans cesse, il change de visage et dévoile ses multiples facettes, aux influences diverses. Sous ses allures burlesques et enfantines, le jeu clownesque exige une mission ontologique : celle de « trouver son clown ».
À travers son manifeste, ses photographies et ses films, Leia Lebert nous invite à entrer dans cet univers circassien. Tour à tour Madame Loyal et clowns Lebert, l’artiste endosse plusieurs masques et met en scène le réel, qu’elle tord et fictionne. Le recourt au cinéma expérimental et à des dispositifs immersifs instaure une ambiance à la fois merveilleuse et angoissante. Le montage des séquences, accompagnés de contrastes lumineux et de bandes-son hypnotisantes, accentue un effet de circularité, propre aux chapiteaux, et amplifie l’attraction magnétique du clown. Indissociable de son apparat, le clown est lié au travestissement et à la transgression.
Les autoportraits sont ainsi le lieu de la métamorphose. Leia Lebert revêt les costumes d’Arlequin, d’Auguste ou de Pierrot et mime leurs gestes, à la recherche de son propre personnage. Marionnette articulée ou performeuse muette, elle se compose une identité multiple et mouvante. Ses doubles cristallisent une inquiétante étrangeté et nous renvoient au désordre et à notre folie.
Leia Lebert, Praxinoscope, 2023 © Juliette De Sierra