« Karina Quitral », la morsure du détour, Saint-Ouen (28.03.24 - 11.04.24)

Du papier noirci, des fils rouges et des grimaces… La pratique artistique de Karina Quitral est incarnée et toujours située. À travers ses photographies, elle évoque sa condition d’artiste étrangère, loin de son pays d’origine, le Chili, et de femme, soumise aux diktats de beauté. 

Elle travaille à partir de ce qui l’entoure et des événements qui jalonnent sa vie : son titre de séjour à renouveler, des manifestations auxquelles elle ne peut plus participer ou encore son corps, qu’elle modèle, place et déplace. Objets de consommation, de désir ou de répression, ces éléments sont sortis de leurs contextes habituels. L’artiste les manipule, les modifie et leur ôte leurs fonctions utilitaires. Elle s’implique physiquement dans le processus de création des images et passe du temps à manier les tirages dans la chambre noire ou à coudre d’autres formes par-dessus, pour révéler ce qui est invisibilisé par la société. 

Acte de réappropriation ou de réparation, cet éloge de la lenteur laisse apercevoir une poésie de la révolte. Sous couvert d’un détournement moqueur, Karina Quitral montre la violence, la vie brimée par les injonctions contradictoires, la brutalité de l’administration et de la politique.
Karina Quitral, En attente, installation murale de 77 épreuves noir et blanc solarisées, 2022 © Juliette De Sierra