la morsure du détour, Mains d’œuvres, Saint-Ouen.
28 mars - 11 avril 2024
commissariat : Luce Cocquerelle-Giorgi


Des amitiés, des sourires en coin, des mots liquides et des phrases qui grondent… Parmi les chuchotements, des liens invisibles relient quatorze artistes, récemment diplômé·es du Master Pratiques, Histoires et Théories de la Photographie, de l’université Paris 8. Étrangère à leur histoire commune, à ces deux années passées à étudier et à tordre le médium photographique, j’ai tenté d’articuler leurs complicités et de débusquer les voies secrètes qui les unissent. À l’embranchement d’un questionnement sur le regard, une notion a émergé de leurs pratiques – celle du détour. De leurs oeuvres surgissent des passages-secrets, des sentiers tortueux et des recoins, où l’on peut se cacher et se révolter. Bifurquer n’est pas sans risque. Sur la peau rougie, l’empreinte du détour subsiste. Une morsure comme un paysage charnel.

Dans le ventre grandit parfois le désir de s’écarter des sentiers battus et de se lover au creux des virages. Le détour défait le chemin tracé, l’étire et le recompose. Flânerie biscornue, il nous incite à la contemplation et à la patience. Notre obligation ? Porter notre attention à ce qui nous entoure, à ces petits riens qui nous échappent et aux yeux qui nous surveillent. Dans cette promotion, tous·tes les artistes s’emparent d’espaces physiques, tangibles ou fantasmés, et lézardent le réel de récits intimes. Une géographie plurielle, composée de 90 soleils, de souvenirs du Chili, d’un vent breton, d’un chapiteau mouvant et d’une île imaginaire.

Prendre la tangente est aussi une histoire de survivance et de dissidence. Le détour contient en lui l’action de déranger et de dévier des directions ou des identités imposées. Hybrides et farouches, les oeuvres présentées dans l’exposition opèrent, chacune à leur manière, un détournement. Les techniques photographiques sont subverties et les sujets réappropriés, pour mieux bouleverser notre rapport aux images. Il faut se méfier des apparences : les cartes postales sont trompeuses, les végétaux violents et les autoportraits n’en sont pas vraiment. Sous-jacente à l’urgence de créer de nouvelles narrations, une autodétermination libre et poétique se dessine.


Avec Killian Abautret, Emma Barbot-Lebrun, Axelle Cassini, Soukaina Chadli, Houssem Cherif, Juliette De Sierra, Sophia Eustache, Paloma Harquet, Nicolas Jenot, Leia Lebert, Karina Quitral, Thuanne Silva, Alice Velte et Iria Vilas Iglesias.








L’Almanach des aléas, Fondation Ricard, Paris.
8 - 13 juillet 2019
commissariat : milo


Le huit juillet deux mille dix-neuf, nous espérons que le temps sera clément et que vous irez bien. Ce soir-là, l’association milo ouvrira à la Fondation d’entreprise Ricard L’Almanach des aléas, une exposition collective rassemblant 12 artistes issu·es de l’Ensba Lyon. À travers leurs œuvres – vidéos, installations, photographies, peintures ou performances –, ils et elles s’emparent du dérisoire, du sous-jacent, de l’habituel et/ou de l’invisible pour développer des approches multiples, poétiques, politiques, pragmatiques ou subjectives du quotidien et de ce qui le bouleverse. Le temps d’une exposition, les images, les gestes et les objets qui nous entourent cessent ainsi d’être pris dans le fil des jours et deviennent matière à réflexion.

Ayant lieu au terme d’une année universitaire marquée par des mouvements sociaux aux formats inédits, cette exposition entend mobiliser une réflexion sur le vivre-ensemble et sur la manière dont des œuvres peuvent rendre sensibles des réalités restées lettre morte. À rebours des représentations courantes de modes de vies stéréotypés, et en décalage avec la culture de l’intensité, L’Almanach des aléas nous invite à prêter attention à ce qui se joue à l’échelle des heures, des jours, et des années. Les multiples voix qui font vivre l’exposition composent alors une polyphonie en trois mouvements qui se déploient dans un parcours circulaire : le quotidien, la rupture, la réparation. Le quotidien. La rupture. Etc.

Avec Romain Blanck, Romain Bobichon, Baptiste Brossard,
Océane Bruel, Sophie T. Lvoff, Maïté Marra, Lou Masduraud, Léa Mercier, Jean-Baptiste Perret, Gaspar Willmann, Garance Wullschleger, Maha Yammine.









Programmation associée

15 juillet 2019 – de retour de la visite, des morceaux plein les yeux, Fondation Ricard, Paris.

« Le temps de l’exposition est une traversée. J’en ferai le tour comme on a fait celui de la grotte. Deux jours de montage, un jour sans image, puis six jours d’exposition, puis un nouveau jour sans image, un jour de démontage, etc. On marchera entre les cailloux et la trace des œuvres. Je ne sais pas encore ce que je vais visiter, mais je sais déjà que j’y vais, qu’il y aura de la lumière et des corps, des traits et des mots. On descendra parfois dans la grotte, parfois dans l’épaisseur de ce qui était là encore quelques heures plus tôt. Pour en faire le tour, pour le refaire apparaitre, pour se perdre et s’imaginer dans un espace, un autre, et sentir que le vide est plein de tout ce qui le remplit, avant, pendant, après. »

Lecture performée par Garance Wullschleger.





12 juillet 2019 – Présentation du catalogue, Fondation Ricard, Paris.

Présentation du catalogue de l’exposition L’Almanach des aléas en présence de ses trois graphistes, Aurane Loury, Claire Marrel et Mariel·le Nicolas. Cette présentation performative est l’occasion de revenir sur cette publication, résultat d’une triple collaboration entre les artistes, les curatrices et les graphistes. Pensé comme un espace didactique autant qu’une extension de l’exposition, il inclue également des propositions artistiques qui lui sont propres. Les lecteur·ices peuvent ainsi retrouver dans ses pages une œuvre réalisée in situ par l’artiste Maïté Marra. Cet objet éditorial singulier propose différentes typologies de contenu et son système de navigation et sa forme singulière bousculent nos habitudes de lecture. Relié à la main, il est livré chaque matin à la fondation, et distribué gratuitement lors de l’exposition.





11 juillet 2019 – Projections de films, INHA, Paris

Projection de films et de vidéos réalisées par les artistes présent·es dans l’exposition L’Almanach des aléas. Chaque film est introduit par l’artiste ou une des curatrices de milo.

Avec Romain Bobichon, Maïté Marra, Jean-Baptiste Perret, Gaspar
Willmann, Garance Wullschleger et Maha Yammine.






29 juin 2019 – Chrononhotonthologos* une journée de l’exposition à l’édition, DOC, Paris.

Cette journée d’étude vise à interroger les temps et les pratiques de collaboration entre les différent·es acteur·ices dans le champ de l’art contemporain. Les commissaires, les artistes, et les designers graphiques travaillent ensemble à la réalisation et à la diffusion de l’art contemporain sous toutes ses formes Les pratiques s’entrecroisent et génèrent des figures aux multiples casquettes : commissaire- éditeur·ice, artiste-designer, designer-performeur·se, etc. Les formats se mélangent également et laissent place à de nouvelles pratiques de l’exposition et de l’édition.

Avec Bibliomania, Thierry Chancogne, Jérôme Dupeyrat, Exposer Publier, It’s Our Playground, Radio L’Inommable, Roxane Jubert, Claire Le Restif, Sophie T. Lvoff, Roxanne Maillet.