« Axelle Cassini », la morsure du détour, Saint-Ouen (28.03.24 - 11.04.24)
Quels bruits font nos regards ? Ceux qui se posent sur les corps féminins sont bruyants. Un brouhaha empli de clichés et de stéréotypes de genre. Ils figent les gestes, façonnent nos costumes et nous réifient, cloîtrées dans des cases étroites comme des femmes gelées.
Pour échapper à cette prison argentique, Axelle Cassini s’approprie son image. Son travail se compose d’autoportraits, dans lesquels sa figure est mise en scène. Autour de sa silhouette, le décor est épuré : un rideau, du parquet, parfois une chaise. Dans ce théâtre en noir et blanc, seule sa présence résonne. L’artiste prend la pose, debout, le regard face caméra et le déclencheur dans la main. Vêtue d’une marinière ou d’une chemise avec cravate, elle adopte des postures identifiables. Chacune de ses photographies raconte une histoire singulière et se double d’une trame épaisse, où les rôles se succèdent et les identités se multiplient.
Performeuse polycéphale, Axelle Cassini se joue des regardeur·ses et des poncifs. Elle s’empare également de la broderie, pratique dévolue aux femmes, comme support de son écriture poétique. Cousus de fils rouges et rédigés en anglais, ses poèmes racontent le quotidien, l’absence et les amours lesbiennes.
Axelle Cassini, sans titre (autoportrait), photographie argentique, tirage argentique, 2023 et sans titre (série The Leftovers), broderie sur tissus, 2023 © Axelle Cassini