« Alice Velte », la morsure du détour, Saint-Ouen (28.03.24 - 11.04.24)
Les déambulations citadines nous font parfois heurter le coin d’une valise abandonnée ou des souliers oubliés sur le bas de la route. Un pas de côté et nous contournons ces éléments saugrenus, qui surgissent au détour d’une rue.
Sensible à ce qu’on ne regarde pas, Alice Velte porte une attention accrue aux objets délaissés dans l’espace public. À la manière d’une chiffonnière contemporaine, elle erre dans la ville et elle récupère des détails aperçus dans le paysage urbain. Une ligne se trace, sinueuse et nomade, comme un chemin dont on ne connait pas encore la fin. L’artiste collectionne des photographies vernaculaires, trouvées au hasard de ses promenades. Ces images sont accumulées, fragmentées et présentées en petits morceaux, comme autant de souvenirs d’une mémoire morcelée dont elle prend soin. Certains objets ne se laissent pas si facilement saisir. Munie de son portable ou de sa caméra, elle dérobe leur portrait et leur octroie une seconde vie, dans le champ photographique.
Dans ce même geste de recyclage, l’artiste conserve les titres de transports et les tickets de caisse. Ces petits riens voués à une vie éphémère sont détournés de leur usage premier et deviennent le support de ses prises de vue, qui se superposent à l’encre effacée et aux codes-barres. Sans les enjoliver, Alice Velte rend hommage aux débris esseulés.
Alice Velte, Résidus, impression jet d’encre sur divers supports usagés, 2023 © Juliette De Sierra